Un violent incendie a détruit en partie le marché du Port, enquete du parquet de Port-au-Prince

Les dégâts matériels se chiffreraient à des millions de gourdes dans ce marché public où les commerçants, en état de choc et sceptiques devant le défilé des responsables d’Etat, ont fortement évoqué un possible incendie criminel

Un gigantesque incendie d’origine inconnue a ravagé tôt lundi matin en grande partie le marché du Port, dans le centre commercial de la capitale, où une trentaine de containers de marchandises ont été consumés causant des pertes estimées à des millions de gourdes et la désolation parmi des centaines de marchands et marchandes qui ont tout perdu ou presque.

En manque d’eau, les sapeurs-pompiers ont eu toutes les peines du monde à circonscrire, au bout de plusieurs heures, le sinistre qui menaçait le marché Hyppolite voisin.

En pleurs pour la plupart, marchands et marchandes de vêtements, chaussures et autres articles ont chahuté Gabrielle Hyacinthe, l’ex-présidente de la commission communale de Port-au-Prince, devenue agent exécutif intérimaire. La responsable, qui a dû partir précipitamment, s’est vue reprocher l’abandon du dossier des commerçants du marché de Tabarre, victimes en février dernier, d’un incendie criminel, mais dans une autre commune.

La ministre à la condition féminine, Yanick Mézile, et le délégué de l’ouest, Gonzague Edner Day, se sont également rendus au marché du Port en vue de faire une évaluation de la situation et d’envisager, sans engagement formel, d’apporter une aide gouvernementale aux sinistrés.

Egalement présent, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Renel Sénatus, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’incendie qui, selon divers témoignages, aurait été allumé par des mains criminelles. Avec des agents de la police scientifique, le chef du parquet cherchait en priorité à relever les indices nécessaires à l’investigation avant d’avancer une quelconque hypothèse.

Pour sa part, le directeur départemental de l’ouest de la Police Nationale, Michel-Ange Gédéon, a indiqué que le directeur et les agents de sécurité du marché devaient être interrogés sur les causes éventuelles de la catastrophe, la troisième du genre enregistrée sur ce site très fréquenté.

Souvent motivés politiquement et responsables de la ruine de modestes familles ayant investi toutes leurs économies dans le commerce informel, les incendies de marchés publics sont monnaie courante en Haïti. Les marchés Salomon, en 1987 sous le règne des généraux Henry Namphy et Williams Régala, et Tête Bœuf, le 31 mai 2005, en pleine opération Bagdad, avaient disparu dans les flammes dans des conjonctures très particulières marquées soit par la violence d’état ou la délinquance politique criminogène.

spp/Radio Kiskeya