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8 juillet 2012

Le Cholera dans l'Histoire d'Haiti

Cholera haitiDans les annales du XIXe siècle en Haïti, on retrouve des traces de cordons sanitaires et d'autres mesures prises contre le choléra. Les autorités haïtiennes se montraient vigilantes face à la possibilité de son introduction par voie maritime. Le président Boyer s'inquiétait, en août 1832, de l'introduction potentielle en Haïti du choléra venu de l'Europe et des États-Unis.

 "La prudence commandant de prendre des moyens convenables pour s'opposer, autant que possible, à l'invasion en Haïti du choléra-morbus, qui a déjà franchi l'Europe et pénétré aux États-Unis ; je vous invite à vous joindre au commissaire du gouvernement, au commandant de la place, au juge de paix et au conseil des notables, afin de prendre les mesures les plus appropriées aux localités, à l'égard des bâtiments qui arriveront des ports des États-Unis dont la proximité rend la propagation de cette épidémie plus facile ."

A plusieurs périodes du XIXe siècle, le gouvernement haïtien s'est révélé prudent. Le Moniteur de 1892 a annoncé l'initiative du président Hyppolite d'interdire les navires "infectés par le choléra" d'entrer dans les ports ouverts de la République.

Et on ne trouve pas de témoignage direct de l'arrivée du choléra en Haïti (ni en "Hayti," à Santo Domingo ou à Saint-Domingue). L'historien Thomas Madiou s'est même posé la question d'une possible résistance environnementale d'Haïti à ce fléau mondial : "Il est à observer que cette maladie n'est jamais parvenue en Haïti, même quand elle s'est trouvée en même temps tout autour de notre île, à St. Thomas, à Porto Rico, à la Jamaïque et à Cuba, au Vent comme sous le Vent. Cela tiendrait-il aux émanations de notre sol qui ne permettraient pas d'exister aux animalcules cholériques ou à un état particulier de notre atmosphère?"

Madiou n'était pas le seul à se poser cette question ; un consul du gouvernement britannique en Haïti citait l'exemple haïtien pour mettre en question la nature contagieuse de la maladie.

"J'ai trouvé, durant la première moitié des années 1850, le seul moment où la communauté internationale note au moins une rumeur de choléra en Haïti, lorsqu'une pandémie sévissait dans les Antilles comme ailleurs."

David Watts indique que de 1850 à 1851, la Jamaïque aurait perdu 25 000 à 30 000 individus, soit 8 % de sa population. Le choléra faisait des ravages également à St-Thomas, à Trinidad, en Guadeloupe et ailleurs. Le Medical Times de 1852, à la fin d'un compte rendu sur le choléra à travers le monde, constatait qu'à « Port-au-Prince, Hayti, the epidemic is greatly diminished in severity. » Mais des témoins directs ont démenti la nouvelle du choléra en Haïti pendant cette période. Le Massachusetts Daily Atlas du 14 janvier 1851 citait un certain capitaine Moyer, rentré du Cap en Haïti: « Captain Moyer [...] reports that port as healthy, and has been so for a long time. The reports that cholera was raging there proved to be false. » Est-ce parce que le gouvernement autoritaire de Faustin Soulouque ne permettait pas la circulation de nouvelles sur le choléra ? Possible. Mais à une époque où les commerçants voulaient surtout éviter de ravitailler des ports contaminés, ce serait remarquable qu'un empereur haïtien parvienne à faire taire la presse internationale. On retrouve aussi relativement peu de traces du choléra dans la partie orientale de l'île, sauf pendant la période 1866-1868. En 1868, le Boston Daily Advertiser estimait à 20 par jour le nombre de morts de choléra à Santo Domingo. (Le Philadelphia Inquirer du 17 mars 1868 notait qu'en Haïti, "Intelligence having been received of the existence of cholera in Santo Domingo and Saint-Thomas, the government had ordered all vessels arriving at Port-au-Prince or any of the out ports from those places, to be put in quarantine".)

Spenser St. John, (In 1886 a notorious book appeared, Sir Spencer St. John's HAYTI OR THE BLACK REPUBLIC. This is the single most negative book ever written on Haiti.) grand raciste de l'historiographie d'Haïti, a noté en 1886 : "bien que Port-au-Prince soit la ville la plus dégoûtante que j'aie jamais vue, elle n'a jamais été visitée par le choléra."

Kenneth F. Kiple, dans son étude experte sur le choléra dans la Caraïbe, de l'arrivée de cette maladie à Cuba en 1833 jusqu'à ses effets meurtriers à la Jamaïque, ne mentionne pas une seule fois Haïti, ni la République dominicaine.

Presque deux cents ans après son arrivée aux Antilles, le choléra a enfin franchi la barrière invisible d'Haïti, comme si quelque lwa des mers ou des barrières aurait échoué. Rappelons qu'Haïti est loin d'être le seul pays vulnérable ; des États-Unis au XIXe siècle à l'Amérique latine des années 1990, notre hémisphère connaît bien le choléra. Malgré la date de la première pandémie documentée de choléra en 1817, des records de maladies qui ressemblent fort au choléra remontent à plus de deux mille ans dans la culture grecque et sanskrite.

Les microbes vibrio cholerae existent dans l'environnement aquatique à l'état latent, comme la belle au bois dormant ; l'infection ne se transmet pas nécessairement par des agents humains. Les microbes entrent dans un état viable plutôt que dormant à l'aide de facteurs déclenchant que les chercheurs associent de plus en plus avec le changement climatique et ses effets sur les planctons aquatiques. En effet, il est possible que Madiou ait eu raison en quelque sorte ; que les conditions ne favorisaient pas le réveil du choléra en Haïti. Cela a changé ; Haïti se réveille d'un nouveau cauchemar; on peut l'imputer aux changements climatiques, et, bien sûr, aux conditions désastreuses de l'après-tremblement de terre de janvier 2010, avec des camps de tentes qui s'étendent de la banlieue nord de Port-au-Prince jusqu'à Jacmel.

Depuis longtemps, les activistes humanitaires "tremblent" à l'idée d'une possible introduction du choléra en Haïti, selon Francine Tardif dans son Regard sur l'humanitaire, une analyse de l'expérience haïtienne en 1997 : "Pour les pays environnants, la possibilité d'une pénétration du choléra en Haïti fait également trembler puisque, de l'avis général, il deviendrait alors difficile de contrôler la maladie". Le fait que 75 % des gens infectés n'auront jamais de symptôme - une bonne nouvelle en apparence - assure en même temps sa transmission prolongée. Face à ce nouveau crève-coeur insupportable, rappelons l'histoire digne de la résistance d'Haïti à cette maladie omniprésente dans l'histoire occidentale, et les conditions globales à la fois "naturelles" et façonnées par la civilisation industrielle humaine qui ont ouvert cette boîte d'un Pandore sans coeur.

*L'auteur est codirectrice de Haiti Lab du Franklin Hope Institute (FHI), Duke University en Caroline du Nord aux Etats-Unis. Email: _deborah.jenson@duke.edu

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