Un an après le vote de la rupture du peuple, Michel Martelly et Laurent Lamothe prefèrent-ils la continuité?

Le peuple haitien a voté  la rupture en 2010. C'était l'expression d'un ras le bol de la politique des vingt dernieres années de l'équipe lavalas-lespwa/Inité . Ces hommes, à leurs yeux, représentaient la corruption et la dégradation des conditions générales des citoyens et de notre pays. Le peuple en votant la rupture choisissait le changement proné par Martelly et son mouvement tet kalé lors de la campagne éléctorale. Quelle évaluation peut-on faire un an plus tard? Michel Martelly a-t-il tenu ses promesses? Le système est-il en train de changer ou de reprendre ses droits?

Dans le discours et l'action, quatre dossiers progrèssent, l'éducation, l'économie, la santé et le tourisme. Ces progrès ne sont pas totalement visibles. Si la cour de cassation a ses juges, le conseil supérieur de la magistrature n'est pas encore en place. Le plan sur la marche à suivre pour réformer le systeme judiciaire n'existe pas. Il en est de meme pour les affaires etrangères, si la diplomatie connait de nouvelles orientations les réformes institutionnelles tardent. L'incompétence, la médiocrité et la continuité caractérisent la gestion des dossiers armée et défense, décentralisation, gestion des désastres naturels, condition féminine, culture, commerce, agriculture, coopération externe et planification. La problématique des contrats de la république dominicaine du rapport de la commission anticorruption Conille reviendra sur le tapis par manque de réponse. L'amendement de la constitution reconnue falsifié par tout le monde dans un deal de palais avec l'Inité revient sur le tapis. On parle déjà de publication malgré le rapport accablant de Me. Gérard Gourgue et des juristes indépendants qui ont trouvé le document faux et inconstitutionnel.

A date, aucune nouvelle initiative n'a été prise pour reformer l'Etat et changer le système qui était sous la loupe critique du candidat Martelly. Les nouveaux responsables de l'Etat n'ont pas encore proposé de nouvelles lois, procédures et systèmes pour changer le mode de gestion des affaires publiques. Ils ont epousé ce qui était déjà là. Progressivement le système en place depuis des décennies impose sa loi et a commencé à absorber Martelly et son équipe. La lutte d'influence des hommes et femmes du palais et l'ambition de reconquete du pouvoir des agents de l'Inité sont le fondement des décisions politiques du Président Martelly. Les affrontements de palais entre Jean Max Bellerive, Thierry Mayard Paul, Laurent Lamothe et la Première Dame et les flatteries provoqueront le départ de Garry Conille qui était mal entouré, mal conseillé, politiquement maladroit et pas equipé dans ce bassin de requins voraces. 

On ne sait pas par quel miracle, la continuité et ses galeries politiques, un an plus tard, occupent les couloirs d'influences du palais national. Joseph Lambert (Inité), Rodolphe Joazile (Inité), Kely Bastien (Inité), Jean Max Bellerive (Inité), Florence Dupuy (Lavalas), Mario Dupuy (Lavalas) sont les nouveaux amis, conseillers politiques du Président Martelly et membres de son cabinet ministeriel. Patrick Delatour (Inité) se cache derrière la recherche des 40 millions de la banque mondiale pour la "réparation" de la Citadelle. Edwin Paraison (Inité) veut reprendre le ministère de la Diaspora. Gabriel Verret (Inité) après le palais de Préval tente son retour en force à la primature. Résultats d'une stratégie ou d'un chef qui se fait berner parce qu'il aime la flatterie? La déception n'est-elle pas l'arme supreme de la politique? Flatter pour battre l'adversaire. Michel Martelly est-il en train de se faire avoir par les flatteries de l'Inité?

Un an plus tard la coalition tet kalé est désunie.  Elle est aussi confuse par cette nouvelle realité politique qui comprend la continuité qui s'impose progressivement et le changement qu'elle cherche sans le trouver. Ce phenomène ambivalent a créé une grande frustration chez les fanatiques tet kalé en révolte comme le révèle les contestations contre le délégué du Nord accusé de traite.

 Un an après les résultats sont maigres, le doute s'installe, la volonté et la capacité de l'équipe questionnées. Le support populaire est encore là mais pas pour longtemps. Martelly et Laurent Lamothe pourront-ils apporter le recalibrage nécéssaire pour la deuxième année et sauver le changement promis?  Nous saurons dans cinq mois.

Un article de Paulete Racine