La route Pétion-Ville/Canapé Vert (est de Port-au-Prince) a été pendant plusieurs heures jeudi le théâtre d’un mouvement de protestation antigouvernementale ayant entraîné l’érection de barricades de pneus enflammés à hauteur de Juvénat où des riverains exprimaient leur hostilité à la démolition annoncée de constructions anarchiques.
Après avoir manifesté puis fermé à la circulation cet axe stratégique, certains des habitants des bidonvilles en ébullition ont reproché au Président Michel Martelly d’avoir manqué à ses promesses électorales et confié qu’ils regrettaient de lui avoir accordé leur bulletin de vote.
L’intervention des agents de l’unité anti-émeute de la Police Nationale CIMO et des sapeurs-pompiers a été nécessaire pour un retour à la normale en fin d’après-midi. Des protestataires interrogés par Radio Kiskeya ont affirmé avoir été contraints d’enlever eux-mêmes les débris qui obstruaient la chaussée.
Cette situation a empêché de nombreux citoyens de vaquer à leurs occupations et scotché à une heure de pointe les automobilistes pris dans un énorme bouchon qui allait rapidement s’étendre à d’autres secteurs de la capitale.
Cette première chaude alerte pour le pouvoir à la capitale a été enregistrée dans la foulée du lancement de l’opération baptisée « Sauver le morne l’hôpital » qui a porté le ministère de l’environnement à marquer en rouge des maisonnettes à démolir, au cours des deux prochaines semaines, dans des bidonvilles comme Jalousie à Pétion-Ville et au Canapé-Vert. Au total, 400 habitations -dont 200 dans un premier temps- seront détruites contre un versement de 100.000 gourdes à leurs propriétaires, a expliqué le secrétaire d’Etat à l’environnement, Gédéon Pierre François, en mettant l’accent sur la nécessité de stopper la dangereuse dégradation de l’écosystème à travers la réhabilitation des bassins versants.
Ce dossier, qui sent le soufre, devrait de toute évidence s’inscrire, non dans une stratégie de pompier, mais dans l’articulation d’une politique globale prenant à bras-le-corps les problèmes sociaux d’agglomérations incontrôlées qui apportent leur propre réponse à la question vitale du logement et au phénomène monstrueux de l’exclusion de masse.
spp/Radio Kiskeya