Laurent Lamothe souhaite passer de la parole aux actes dans la lutte contre la contrebande

Le Premier Ministre, Laurent Lamothe, s’est rendu vendredi, au bureau de la douane de Malpasse à la frontière haïtiano-dominicaine, pour s'enquérir personnellement des conditions dans lesquelles les perceptions de taxes se réalisent et en même temps envisager les voies et moyens pour les améliorer.

Accompagné entre autres de la Ministre de l’Economie et des Finances, du Directeur de l’Administration Générale des Douanes et du Directeur Général de la Police Nationale d'Haïti, le Chef du Gouvernement a fait état de la nécessité d'une véritable mobilisation en faveur de l’augmentation des recettes douanières.

En ce sens, le Premier Ministre envisage le recrutement de nouveaux agents dans la région de Fonds Parisien et leur intégration ou affectation au bureau de Malpasse pour faciliter la proximité et la professionnalisation de ce service public.

Laurent Lamothe croit également que l'amélioration des conditions de travail des fonctionnaires ainsi que la modernisation des infrastructures physiques peuvent favoriser un meilleur rendement des services de la douane. Aussi, les infrastructures existantes vont faire l’objet d’étude et d’adaptation en fonction des exigences de l’environnement frontalier.

Le Chef du Gouvernement plaide en faveur d'une gestion plus rationnelle de la frontière afin de permettre à l'Etat de gagner plus d'argent. « Il faudrait une gestion coordonnée de la frontière », déclare-t-il. L’absence de coopération entre la Douane, le service de l’Immigration et l’Emigration et la Police, affaiblit la capacité publique dans la zone, ce qui rend possible toutes les dérives et fait prospérer les trafics illicites.

Malgré une augmentation sensible du flux de marchandises en 2011-2012, les recettes douanières de Malpasse ont considérablement baissé par rapport à 2010-2011 alors qu'elles représentaient entre 180 à 200 millions de gourdes mensuellement, elle ne représentent plus en 2011-2012, que 120 millions mensuellement...

Cette visite du Premier Ministre au bureau de la douane de Malpasse traduit sa volonté de poursuivre sa croisade contre la contrebande, la corruption et la fraude qui constituent des obstacles majeurs au développement d’Haïti.

Mercredi à l'occasion du 3e Conseil de gouvernement Laurent Lamothe avait déclaré que « La frontière libre, c'est fini » pointant du doigt les marchés binationaux le Premier Ministre avait déclaré « Il faut corriger ce problème, nous ne pouvons pas continuer de prendre la mauvaise décision d'ouvrir notre frontière pendant 2 jours sur les 5 jours ouvrables ». De son côté Wilson Laleau, le Ministre du Commerce, a expliqué qu'il s'agissait « d'un marché libre qui se fait dans un seul sens » et affirmé que « la création d'emplois en Haïti passe par la protection de nos industries et de nos entreprises [...] Le contrôle de la frontière est la première grande décision à prendre si on veut créer des emplois ».

Le renforcement du cadre réglementaire sur les marchés frontaliers, provoquera sans nul doute certaines tensions avec nos voisins dominicains, qui toutefois auront du mal à s’opposer à la volonté du Gouvernement haïtien et à la légitimité de ces mesures, compte tenu de la situation économique d'Haïti.

Certains observateurs pensent que cette nouvelle politique, en dehors d'accroître les rentrées fiscales, ne provoquera pas de grand changement dans les rapports commerciaux entre les deux pays, si ce n’est que les nouvelles taxes, contribueront à l’augmentation des prix en Haïti et n’auront qu’un faible impact en République voisine, Haïti n’exportant pas grand chose dans ce pays.

HL/ SL/ HaïtiLibre