CAED face au foisonnement des ONG

La première réunion internationale du Cadre de coordination de l’aide externe au développement d’Haïti (CAED)a été l’occasion pour le premier ministre haïtien Laurent Lamothe de présenter un bilan très positif des deux ans de l’administration du Président Martelly.

Mettant l’accent sur les efforts consentis par l’actuelle équipe au pouvoir dans le domaine de la sécurité, la réforme de l’État, l’éducation, la lutte contre la corruption et les finances publiques, Laurent Lamothe croit que le pays est entrain de bouger dans la bonne direction.

Le discours du premier ministre apparait comme un véritable plaidoyer en faveur de l’Etat haïtien en ce qui a trait à la gestion directe de l’aide internationale. Il est à rappeler que depuis des années Haïti souffre d’un manque de crédibilité face à la communauté internationale qui priorise la coopération avec les ONG pour intervenir en Haïti ou pour voler au secours du peuple haïtien dans les moments difficiles. Ce déficit de confiance dont est objet l’Etat haïtien est un atout majeur pour ces institutions non gouvernementales qui ne cessent de pulluler sur le territoire national.

La forte présence des ONG en Haïti est un signe que les autorités gouvernementales sont défaillantes dans la gestion de la chose publique. Pour redresser la barre et freiner le foisonnement des organisations non gouvernementales, l’Etat haïtien doit faire preuve de la bonne gouvernance, condition essentielle du rétablissement de la confiance des bailleurs de fonds internationaux.

La création du Cadre de coordination de l’aide externe au développement d’Haïti (CAED) traduit certainement la volonté des autorités gouvernementales haïtiennes d’avoir directement accès aux fonds étrangers qui pourraient être utilisés dans le cadre de la réalisation des grands projets de développement. L’instabilité et la mauvaise santé de l’économie nationale font que l’Etat haïtien ne peut pas uniquement miser sur le trésor public pour parvenir à financer ses activités de développement. On se réfère constamment à l’aide internationale pour faire face aux charges des actions destinées au progrès social et pour maintenir l’équilibre des institutions de service public.

Pour éviter que les ONG se substituent finalement a l’Etat haïtien en matière de réalisation de projets de développement, les autorités gouvernementales doivent s’efforcer de rapatrier la gestion de l’aide externe.

La communauté internationale doit finalement se mettre plus proche des haïtiens dans l’octroi de son aide au développement. Et pour ce fait, un autre cadre de coopération doit être nécessairement défini entre l’Etat haïtien et ses partenaires internationaux afin que l’aide externe devienne plus efficace dans la lutte pour le développement durable d’Haïti.

Patrick Georges

E-mail: patrickgeorges1984@gmail.com