Evitons que Kplim y laisse des plumes!

Le Pouvoir politique en Haïti a été toujours « mangeur d’hommes » pour reprendre le mot du feu Gérard Pierre Charles. Sous la présidence de Michel Martelly, ne le serait-il pas davantage ? Face à une telle réalité, les forces vives de la Nation doivent s’efforcer de sauver tout ce que représente le militant politique Evans Paul. Nommé Premier Ministre par le Président de la République à partir d’un arrêté, M. Paul dit Kplim, celui qui, face à la dictature, a failli laisser sa peau pour la démocratisation de son pays, risque de laisser des plumes dans ce contexte politique difficile.

Le manque de maitrise dont continue de faire montre le Chef de l’Etat dans l’exercice de son mandat apparait aujourd’hui pernicieux pour l’avenir de la République. On aurait raison de croire que la direction des affaires publiques est aux mains d’une équipe qui agit par tâtonnement. Elle est absolument à renforcer politiquement pour maintenir la stabilité du pays.

Née des rapports conflictuels entretenus par les trois pouvoirs de l’Etat au détriment des intérêts supérieurs de la Nation, aggravée par une mauvaise gestion du pouvoir en place, la crise politique actuelle parvient à tirer au clair la grande faiblesse de l’administration Martelly. Et la société y compris la classe politique ne doit pas se payer le luxe d’être indifférente à cette faiblesse car ses conséquences peuvent être bien néfastes pour le pays.

Effectué après maintes tentatives de solution à cette crise, le choix du citoyen Evans Paul comme premier ministre d’un gouvernement de consensus devrait apporter ses fruits. Il parait que la tendance générale lui est favorable. On lui reconnait une certaine sagesse politique pouvant se révéler assez nécessaire pour rétablir la  confiance entre les différents protagonistes de la crise. Vu ses longues expériences politiques, son combat pour la démocratie en Haïti, la modération et l’indulgence dont il a fait montre durant les dix dernières années, le Premier Ministre Evans Paul apparait, selon toute évidence, la personne idéale pour orchestrer la transition haïtienne vers des élections démocratiquement crédibles dont le peuple haïtien doit nécessairement profiter pour élire aux niveaux municipal, législatif et présidentiel une nouvelle génération d’hommes et de femmes capables de faire la différence dans la direction des affaires publiques.

De juillet 2014 à nos jours nombreux ont été les accords politiques conclus entre le président Martelly et l’opposition. Malheureusement, le non-respect des clauses de ces ententes a fait perdurer la crise. Haïti se trouve maintenant à la croisée des chemins. Les responsables politiques ont le choix de laisser la République s’asphyxier sous le poids infernal de cette crise ou de s’entendre durablement à partir d’un consensus politique historique.

La mouvance démocratique post-duvalierienne a vu naitre des hommes et des femmes ayant consenti des sacrifices patriotiques inestimables pour l’instauration de la démocratie en Haïti. Aujourd’hui, Evans Paul, l’un d’eux, accepte volontiers de se mesurer à un défi de taille. Au nom d’une solidarité générationnelle cette classe politique devrait lui apporter le soutien indispensable à la réussite de sa mission. Tout échec de Kplim ne serait sans conséquences sur l’Elite politique haïtienne. Tenant compte de l’extrémisme affiché par certains secteurs politiques dans leur position et action, cette transition vers la stabilité et l’organisation des prochaines élections est à la fois indispensable et fragile.

Evitons que Kplim y perde des plumes !

Patrick Georges

E-mail:patrickgeorges1984@gmail.com