Note du parti OPL face à la nouvelle donne de la Conjoncture politique

Ce 11 janvier 2015, aux 12 coups de minuit, le pays observe, avec stupéfaction, le disfonctionnement du Parlement haïtien : crainte lancinante redoutée par les patriotes, les démocrates de la classe politique et les secteurs vitaux de la nation. Le jusqu’auboutisme forcené de dirigeants politiques mal conseillés, la méfiance et la tricherie combinées d’alliés objectifs, nous y ont conduits.

L’OPL prend acte de la caducité du Parlement haïtien, intervenue dans des conditions similaires le 10 janvier 1999. Encore une fois, nous constatons, le cœur meurtri, l’échec des tentatives de mise en branle du processus de normalisation institutionnelle indispensable à l’instauration d’un État de droit démocratique en Haïti.

Le 12 Janvier 2015, le pays s’est réveillé avec seulement 11 élus, comme ce fut le cas le 11 janvier 1999 (10 élus). Comment oublier que le gouvernement de facto du Premier ministre Jacques Édouard ALEXIS avait alors mis en place le dispositif ayant conduit au hold-up électoral du 21 mai 2000 et à la farce électorale du 26 novembre de la même année. Comment en outre ne pas penser à ces épisodes regrettables de cette tranche d’histoire (février 2001 – février 2004). C’est qu’ils nous rappellent les pires moments de la dictature de Papa Doc. Et les événements cauchemardesques entraînant la chute du président Jean-Bertrand ARISTIDE -élu dans les conditions que l’on sait-, expliquent la présence des troupes onusiennes en Haïti pendant plus d’une décennie. L’OPL évoque à contrecœur ce rappel historique à toutes les Haïtiennes et à tous les Haïtiens, tant de l’intérieur que de la diaspora, et notamment au président Michel Joseph MARTELLY et au Premier ministre Évans PAUL.

L’OPL entend ainsi signifier aux deux chefs du pouvoir exécutif et à l’ensemble de la société haïtienne que seuls la sagesse politique, l’esprit de dialogue et de modération peuvent conduire à la création de conditions favorables à l’organisation d’élections  libres, crédibles, transparentes et inclusives. Et seul un pouvoir exécutif et un pouvoir législatif issus de telles élections disposeront de la légitimité requise pour négocier le retrait ordonné et graduel des troupes onusiennes. Mais la solution à la crise structurelle affectant Haïti depuis plus de deux siècles, réside dans la modernisation de notre système politique, économique et social. Ce qui implique, par voie de conséquence, l’émergence de nouvelles élites politiques, économiques et sociales à la fois dynamiques et éclairées.

Dès lors, le président Michel Joseph MARTELLY et le Premier ministre Évans PAUL se trouvent face à un drame cornélien : défendre leurs intérêts partisans ou ceux de la collectivité. En d’autres termes, ils doivent choisir entre travailler à la survie impossible d’un système moribond : ou bien à l’éclosion rafraichissante d’un nouveau système appelé à sortir Haïti des ornières du sous-développement. Dans le premier cas, ils auront en face d’eux l’OPL et tous les démocrates et patriotes de ce pays. Dans le second cas, ils bénéficieront du support patriotique de l’OPL et même de la collaboration des forces vives de la société haïtienne dans ses multiples composantes.

Nous disposons de neuf mois pour prouver au monde entier que, en dépit de tout ce qui nous divise, nous avons la capacité de travailler ensemble à la récupération de notre dignité, au recouvrement de notre souveraineté et à la refondation de l’État-nation. Et l’État-nation ne se cristallisera que si nous parvenons à changer les rapports État/société, à faire de la stabilité politique, de l’institutionnalisation du système politique, de la structuration des partis politiques et du développement économique  les vertus cardinales du régime républicain, de la société moderne à construire par les Haïtiennes et les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora.

Avec la présence jugée cavalière de diplomates  étrangers dans l’enceinte du Parlement, même agonisant, le moment nous semble venu de constater notre impuissance, notre irresponsabilité et notre infantilisme politique et de nous ressaisir pour nous hisser à la hauteur des exigences cruciales de l’heure.

Fait à Port-au-Prince, le 15 janvier 2015